TEST. – Un nouvel épisode de Pokémon est toujours un événement. Et cette année, la série revient avec Pokémon Épée et Bouclier, véritable nouvel opus sur Switch. Que vaut ce premier épisode sur console de salon ? C’est la question à laquelle ce test va répondre.

Le vrai Pokémon de la Switch

Lorsque la Switch est sortie, en mars 2017, on savait à coup sûr que l’on allait avoir le droit à un épisode de Pokémon, longtemps surnommé Pokémon Switch. Avec une petite crainte l’an passé, lorsqu’est arrivé Let’s Go Pikachu (et Evoli). Jeu intéressant au demeurant, mais un simple remake de Pokémon Jaune, épisode sorti sur GameBoy en 1998.

Mais très vite, Nintendo aura rassuré ses fans, confirmant l’arrivée d’un vrai épisode inédit, pour la Switch, en 2019. Jeu confirmé quelques semaines plus tard, fin février 2019, comme s’intitulant Pokémon Épée et Pokémon Bouclier.

Nouvel épisode inédit, mais pour la première fois, un Pokémon jouable sur console de salon (ou en nomade, il est vrai). Du moins, un premier Pokémon canonique, LA vraie 8e génération… Car je ne prendrai pas en compte ici les Pokémon Snap ou Pokémon Stadium sur N64, ou encore les excellents Pokémon Colosseum ou Pokémon XD sur GameCube.

Bienvenue à Galar !

Galar ! Tel est le nom de la nouvelle région qui s’offre à vous, avec ce nouvel épisode. Et qui dit nouvelle région dit aussi nouveaux habitants, et surtout nouveaux Pokémon (non, on ne met jamais de « s » à Pokémon ^^).

On sait que, pour chaque épisode, les développeurs aiment s’inspirer de pays bien réels. Et avec votre maison qui ressemble à un cottage, une grande horloge faisant penser à Big ben ou encore une ville qui semble touchée par la révolution industrielle… Il ne fait aucun doute que Pokémon Épée et Bouclier s’inspire très fortement de l’Angleterre.

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Qui dit nouvelle région dit aussi nouveaux Pokémon. Et ici, j’aimerais attirer votre attention sur deux types de nouvelles créatures. En effet, vous trouverez tout d’abord les nouveaux Pokémon qui sont propres à cette région. Et je vous laisse la surprise de les découvrir. Mais à l’instar de Pokémon Soleil et Lune, vous allez aussi croiser des variantes régionales de Pokémon que vous connaissez déjà : Smogogo, Ponyta, Zigzaton ou Linéon… Vous les avez déjà vus, mais ici, leur look change.

Et puis, évidemment, le jeu embarque ses deux légendaires (un par version). Deux charismatiques canidés. Le gracieux Zacian qui semble porter une épée dans la gueule… Et le massif Zamazenda, qui semble être protégé par un bouclier. Et j’avoue que je serais curieux de connaître l’explication de leur nom. Car Cian peut faire référence à un dieu irlandais… Mais Cyan et Magenta sont deux couleurs, bleu et rouge, que l’on retrouve sur l’Union Jack, drapeau du Royaume Uni 😉

Choisissez votre starter

Ouistempo, Flambino et Larméléon.

Chaque nouvel épisode propose trois Pokémon starter : un Pokémon de type plante, un de type eau et un de type feu. Et généralement, vous aurez sans doute tendance à choisir votre starter en fonction de vos affinités, de vos préférences… Vous choisirez celui qui est le plus mimi à vos yeux. Cette fois-ci, vous aurez le choix entre Ouistempo (plante), Larméléon (eau) et Flambino (feu).

Mais attention ! Car comme nous allons le voir plus bas, le jeu vous simplifie la tache au maximum. Selon la roue des éléments, le feu l’emporte sur les plantes, qui mettent la misère à l’eau, qui est plus forte que le feu. Et votre rival, Nabil, va forcément choisir un Pokémon faible face au vôtre : Flambino si vous choisissez Larméléon, Ouistempo si vous choisissez Flambino, etc.

On ne change pas une formule qui gagne !

Sur le fond, Pokémon reste Pokémon ! Alors, ne vous attendez pas à des changements radicaux ! La formule reste la même que celle initiée sur Gameboy avec Pokémon Bleu et Rouge. Vous incarnez un jeune dresseur de Pokémon, dans un vaste monde. Le jeu se divisera donc en deux phases de gameplay. De l’exploration (avec dialogues, scènes contextuelles, objets à trouver…), et des combats au tour par tour. Souvent en solo, plus rarement en 2 contre 2.

De même, si le lieu et les personnages changent, le scénario reste le même que celui que vous connaissez depuis toujours. Notre jeune dresseur souhaite devenir un dresseur maître. Pour cela, il va devoir arpenter le monde pour défier les champions des arènes, et obtenir un badge une fois qu’il les aura vaincus. Et une fois en possession de tous les badges, cap sur la Ligue ! Ça vous rappelle quelque chose ? Si ce n’est qu’ici, l’objectif ultime est le maître de la région de Galar, Tarak le maître invaincu.

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En revanche, comme chaque version, Épée et Bouclier amènent leur lot de nouveautés. Ainsi, lorsque les arènes thématiques consistaient autrefois à battre des dresseurs pour atteindre le champion, elles proposent désormais des épreuves sous forme d’énigmes. Vous devrez ainsi relever ces défis originaux (parfois en rencontrant d’autres adversaires), qui ont le mérite d’apporter de la variété dans le déroulement des arènes de chaque ville : chaque épreuve est unique.

Il est aussi assez amusant de remarquer qu’à Galar, les combats d’arènes changent aussi dans leur mise en scène. Pour combattre, vous devrez enfiler une tenue spécifique. Elle vous permettra de défier le champion dans un stade, avec son public en folie, dans une ambiance très « footballistique » ! Dans Pokémon Épée et Bouclier, on s’éloigne de la dimension « combat » pour davantage parler de compétition sportive. Une image plus family-friendly.

Enfin, deux mots sur le Pokédex qui, au grand dam des fans, ne réunira pas l’ensemble des Pokémon des huit générations. Ici, il se limite à seulement 400 Pokémon environ, ce qui vous laisse cependant de quoi faire. Sachant que Nintendo se réserve sans doute le droit de lâcher quelques nouveaux Pokémon lors d’événements ponctuels.

Petite virée dans les Terres Sauvages !

La première grosse nouveauté de ce Pokémon Épée et Bouclier, ce sont les Terres Sauvages. Car si les routes numérotées entre les villes sont toujours de la partie, il arrive à plusieurs reprises que deux cités soit séparées par ces vastes terres, qui viennent briser la linéarité des routes classiques.

Car contrairement aux « routes » classiques, les Terres Sauvages sont de mini-openworlds dans lesquels des Pokémon vagabondent à la cool, et ne demandent qu’à se faire capturer. Les prémices de futurs épisodes full-openworld ? Attention tout de même, certains vous dépassent de plusieurs niveaux d’expérience. Et s’attaquer à un Léopardus niveau 40 quand vous êtes au niveau 10, ce n’est pas très malin !

Dans les Terres Sauvages, vous ne trouverez plus non plus de dresseurs, plantés tous les 5 mètres, qui restent là à attendre que vous passiez devant eux pour vous défier. Vous savez, Jean-Kévin le botaniste ou Mireille la masseuse qui attendent sans bouger, et vous tombent dessus dès que vous passez dans leur champ de vision. Eux vous attendent sur les routes classiques.

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En revanche, c’est dans ces Terres Sauvages que vous trouverez des nids de Pokémon. Des tas de pierre qui cachent en réalité des cavités avec, à l’intérieur, des Pokémon un peu spéciaux. Lorsque ces nids sont vides, vous y trouverez des W, échangeables contre des items auprès d’un randonneur vêtu de vert, que vous croiserez régulièrement. Lorsqu’ils sont pleins, les nids sont marqués d’une aura rose, et d’un rayon vertical de la même couleur. Ce qui se cache dedans ? Je vous en parle plus bas 😉

Dans les Terres Sauvages, mais aussi dans certains endroits de la map, vous pourrez aussi vous reposer en plantant la tente. Le camping est une nouveauté qui vous permet donc de vous ressourcer, de renforcer les liens avec vos Pokémon (en jouant avec eux ou en discutant)… Pas la fonction la plus utile, mais une pause sympa si l’aventure vous met à mal…

Vous avez dit Dynamax ?

Chaque nouvel épisode de Pokémon apporte son lot de nouveautés, en termes de gameplay. Dans Bouclier et Épée, la nouvelle mécanique pousse plus loin le délire de la précédente Mega Evolution, et s’appelle Dynamax ! Armé de votre bracelet, vous pourrez ainsi déclencher ce mécanisme, et « Dynamaxer » votre Pokémon favori. Il devient alors gigantesque !

Mais attention ! Car l’utilisation du Dynamax est limitée. Vous ne pouvez dynamaxer qu’une seule fois par combat, et les effets ne durent que trois tours. Mais la transformation fait toujours son petit effet, avec les vibrations de la manette, et un terrain modifié par les dérèglements climatiques qui vont avec. Lorsque les Pokémon se transforment, le joueur ressent cette impression de puissance incontrôlable lâchée dans la nature.

Mais les champions d’arène ne sont pas les seuls à pouvoir dynamaxer. Et il vous arrivera aussi de croiser de gigantesques Pokémon dans les Terres sauvages. Ils se cachent dans des nids à peine discrets, repérables à des kilomètres grâce au rayon rose qui balise l’endroit si un Pokémon dynamaxé s’y est réfugié. Notez que vous pouvez attaquer ces nids soit en solo, soit à plusieurs (raid dynamax) en online.

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Le Dynamax est une excellente nouvelle mécanique, qui apporte une vraie nouveauté au titre. Hélas, elle est à mon sens sous-exploitée, peu de dresseurs l’utilisant au final. De plus, lors des combats contre les champions d’arène, l’attaque est prévisible. Car votre adversaire va systématiquement dynamaxer en envoyant son tout dernier Pokémon, dès le premier tour de celui-ci.

Seuls certains Pokémon sont aussi capables de Gigamaxer. Et en termes de puissance, c’est un tout autre délire. D’ailleurs, vous remarquerez que lors d’un Gigamax, l’apparence du Pokémon change du tout au tout. Mais comme je l’ai dit, le Gigamax est plus rare, et seuls quelques Pokémon en sont capables (contrairement au Dynamax qui concerne toutes les espèces).

Premier Pokémon sur console de salon

Sous la forme du RPG que l’on connaît depuis Pokémon Bleu et Rouge, ce Pokémon Épée et Bouclier est le tout premier jeu Pokémon véritablement conçu pour une console de salon (puisque Let’s Go Pikachu et Evoli était un remake).

Ce qui nous amène donc à parler de la technique du jeu. Et ici, on a comme une envie de saluer le travail réalisé sur la direction artistique. C’est (très) coloré, mignon… Je ne reviendrai pas sur le level-design, tout simplement superbe, qui nous emmène dans un monde inspiré par les cottages anglais. Et parfois, il y a tellement de fleurs autour de nous que l’on se croirait presque dans un jeu Atelier.

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Mais il convient de distinguer la direction artistique et la réalisation. Car cette dernière est loin d’être parfaite. Sur ce point, Game Freak a, à mon sens, un peu trop tendance à se reposer sur ses acquis. Et concrètement, cela se ressent par certains bugs, ou des textures parfois d’une autre époque… Voire un gros retard sur les animations des personnages.

Voir des PNJ qui se déplacent en donnant l’impression de marcher en moonwalk, ou des dresseurs dont l’animation se freeze lorsque vous grimpez à une échelle, ça fait sourire aujourd’hui. Et durant un combat, voir le dresseur adverse qui pope le temps que son Pokémon lance son attaque, ça ne fait pas « produit fini » ! Mais ça contribue aussi au charme de Pokémon. Une licence qui ne nous donne pas vraiment envie de grandir. Quand on joue à Pokémon, on veut de la nouveauté, mais on veut aussi retrouver l’âme de son enfance…

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Les Terres Sauvages, en revanche, semblent pousser la console dans ses retranchements. Et c’est ici que nous allons voir apparaître les plus gros défauts techniques. Avec entre autres certaines textures d’un autre âge (j’en parlais plus haut), ou un clipping assez prononcé lorsque le jeu doit faire apparaître des Pokémon sauvages autour de vous.

C’est aussi dommage que les développeurs n’aient pas prévu de touche raccourci pour afficher la map. Pour vous repérer, vous devrez aller chercher la carte dans le menu. Pas très pratique, et d’autant plus décevant que, dans l’ensemble, le menu a été modernisé et s’avère assez ergonomique à l’emploi. De même, on apprécie fortement d’avoir accès à chaque instant à ses boites Pokémon, et à ne pas avoir à trouver un PC dans une ville pour reconfigurer son équipe.

Le principal défaut du jeu

Le principal défaut de ce Pokémon Épée et Bouclier est le même que dans les précédents jeux Pokémon : son manque de difficulté. Avec des points d’XP distribués généreusement, et avec un peu de farming, vous aurez vite fait d’obtenir au moins 10 niveaux de plus que vos adversaires. Et si c’est le cas, vous allez littéralement rouler sur le jeu. Ni les champions, ni votre rival, ni la Team Yell (les supporters de la dresseuse Rosemary, qui remplacent la Team Rocket) ne vous opposeront de résistance. Je dirais même plus : si vous savez choisir l’élément auquel le Pokémon adverse est sensible, le combat se plie dans la majorité des cas avec des « one shot kill » !

Sur le plan de la difficulté, Pokémon Épée et Bouclier suit la ligne amorcée depuis quelques épisodes, s’orientant vers les plus jeunes ou vers les joueurs occasionnels. Concrètement, cela se traduit, comme indiqué plus haut, par des adversaires pas si retors que cela (même si le niveau augmente une fois que vous êtes devenu champion). De même, l’XP est automatiquement partagée, même avec les Pokémon KO, lorsqu’autrefois il fallait obtenir un Multi-EXP pour répartir les points d’expérience. Le jeu vous aide à échouer le moins possible.

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Mais étrangement, une fois en jeu, on ne se pose pas la question. Le titre bénéficiant d’une durée de vie plus que correcte, on suit l’aventure en mode « peinard » sans se poser plus de questions que cela. Comme on regarderait un épisode de l’anime. On suit avec attention les intrigues autour du championnat, mais surtout des Légendaires et du Dynamax, sans buter pendant des heures sur un passage plus retors.

Reste la question de la rejouabilité. Car une fois le jeu terminé, que fait-on ? Et bien, soyez rassurés, le jeu vous promet encore quelques heures sur votre Switch. Peut-être comptez-vous monter vos Pokémon au niveau 100 ? Ou compléter votre Pokédex ? Collecter toutes les CT ? Vous pourrez aussi vous tourner vers la Shasse (traque des Pokémon Shiny), compléter les nombreuses quêtes annexes initiées pour la plupart lors de votre premier run… Ou tout simplement affronter d’autres joueurs grâce aux matchs online… Toujours est-il que, une fois devenu maître, Pokémon Épée et Bouclier vous réserve encore de très longues heures de jeu…

Au final

Sans être le meilleur jeu 2019 de la Switch, Pokémon Épée et Bouclier s’impose d’entrée comme l’un des hits de la console. Il pêche par une réalisation qui ne prend aucun risque et qui campe sur les acquis des précédentes générations. Malgré une direction artistique de toute beauté, le jeu est techniquement assez limité, avec des textures et des animations d’un autre âge.

Cependant, le nouveau bébé de Game Freak fait un job incroyable en termes de contenu. Fidèle à l’image de la marque, il vous promet des dizaines d’heures à explorer Galar, à découvrir les nouveaux Pokémon, et à redécouvrir les anciens. Bien que l’histoire principale laisse une impression de déjà vu, on la suit avec plaisir, tantôt avec curiosité, tantôt avec nostalgie.

Faut-il craquer ? Si vous êtes fan de la licence, la question ne se pose pas. Si vous ne connaissez pas la franchise, vous trouverez ici un RPG très agréable à jouer, qui rentabilisera à lui seul l’achat de votre Switch. En d’autres termes, Game Freak aurait pu faire mieux, mais nous livre malgré tout ici l’un des meilleurs titres de la console.


Pokémon Épée et Bouclier

  • Par : Game Freak, pour Nintendo.
  • Sur : en exclusivité sur Switch.
  • Genre : Aventure/RPG.
  • Classification : PEGI 7.
  • Prix : 59,99€ (par jeu).
Testé sur une version « Bouclier », envoyée par l’éditeur.

Points positifs :

  • La direction artistique
  • Les nouveaux Pokémon
  • La mise en scène
  • Les Terres sauvages
  • Un chara-design mignon
  • Le Dynamax (et Gigamax), une mécanique vraiment cool
  • Très bonne durée de vie, due à la rejouabilité

Points négatifs :

  • Le principe du jeu est toujours le même
  • Seulement 400 Pokémon ?
  • Le Dynamax, un peu sous-exploité quand même
  • Pas vraiment de grosse difficulté
  • Des bugs
  • Une technique limitée