Le titre qui nous intéresse aujourd’hui est bercé de ces mystères qui intriguent… Qui donnent comme une soudaine envie de se plonger dans l’inconnu, sans savoir où l’on va mettre les pieds. Another Sight nous a intrigué, au point de susciter cette envie de le tester pour vous. Voyons ce que Lunar Great Wall Studios a à nous raconter…

Kit et cat

Sorti en septembre 2018 sur Steam, Another Sight arrive maintenant sur consoles. Daté pour le 18 juin, il est donc aussi disponible désormais sur Xbox One et PlayStation 4. L’éditeur autrichien Toplitz Productions précise par ailleurs qu’une version Switch est aussi prévue, mais à une date encore inconnue.

Le jeu est développé par les italiens de Lunar Great Wall Studios. Il nous permet d’incarner Kit, une jeune fille devenue aveugle dans des circonstances assez obscures. Elle va donc rencontrer un mystérieux chat roux, Hodge. L’histoire se déroule à Londres, en 1899, et vous allez rencontrer au fil de votre périple de nombreuses personnalités d’époque : Thomas Edison, Nikola Tesla ou Claude Monet pour ne citer qu’eux.

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On aime particulièrement la direction artistique du jeu, entre monde onirique à la Illusion : A Tale of the Mind, et univers Victorien et Steampunk. Another Sight a une vrai identité graphique, un univers bien à lui. Et on ne peut qu’adhérer au voyage, aussi étrange qu’il soit, qui nous est proposé ici.

Des puzzles à résoudre… à deux !

Perdue dans ce monde steampunk aussi sombre que mystérieux, notre jeune héroïne devra user de sa matière grise pour avancer. Le gameplay s’articule autour de votre duo improbable : Kit, handicapée par sa cécité, et Hodge, ce curieux chat roux qui va devenir vos yeux. Il suffit de presser la touche R1 pour switcher de l’un à l’autre quand bon nous semble.

Si nos deux protagonistes avancent dans les mêmes tableaux, ils n’évoluent pas sur le même plan. Et l’un pourra actionner des mécanismes qui permettront à l’autre d’avancer. Et inversement. Une mécanique intelligente qui vous oblige, à chaque fois, à analyser chaque tableau selon les deux points de vue. Cependant, une fois que vous aurez compris les bases du gameplay (Kit peut actionner les machines et les leviers ; les plate-formes et interrupteurs au sol, c’est pour Hodge), les énigmes vous sembleront plus faciles à résoudre.

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Ici, l’approche de la cécité est très intelligente et intéressante. Avec Hodge, qui peut voir, les environnements sont tout ce qu’il y a de plus classique. En revanche, tout n’est que ténèbres à travers les yeux de Kit, qui ne peut «voir» que les sons. Du point de vue du joueur, chaque tableau aura donc deux aspects différents.

Le jeu se déroule en vue de coté, et l’on va majoritairement se déplacer de gauche à droite. Le monde de Another Sight se découpe en plusieurs tableaux, composés de plusieurs écrans. Pour passer d’un tableau à l’autre, vous devrez résoudre des énigmes, afin de libérer le passage vers la suite de l’aventure. Dans la seconde moitié du jeu, des phases d’infiltration viendront s’ajouter à l’équation.

L’empire des sens

Je m’attarde sur le gameplay, mais je crois qu’il est capital que vous compreniez l’importance des sens dans le jeu. Car vous ne ferez pas que switcher entre deux protagonistes, mais aussi entre deux sens. Vous l’avez compris : avec Hodge, vous voyez… Avec Kit, vous entendez. La vue et l’ouïe, ici complémentaires !

Comme je l’ai expliqué, Kit peut actionner des mécanismes… Mais elle peut aussi parfois sauter. Mais il est hors de question de se lancer dans le noir, et Kit ne sautera que là où elle peut «voir». Et lorsque Hodge est à proximité, une pression sur la touche triangle fait miauler votre chat. Ce son va éclairer la zone, permettant à Kit de «voir» son point de chute, donc de se lancer…

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Et puisque l’on parle de sens, il serait injuste d’oublier l’aspect sonore du jeu, tant il est réussi. Les musiques sont parfaites, collent à cette ambiance générale du titre. Les bruitages sont eux aussi maîtrisés, et ne sont pas là que pour faire joli. Ils deviennent aussi de précieux indicateurs, pour votre jeune aveugle.

Un bon point pour la DA

L’un des points forts du jeu, c’est sa direction artistique, et son ambiance où steampunk et Londres du XIXe siècle se mêlent. On passe des quais aux égouts, en passant par une grotte, une serre… Et quand le fantastique s’en mêle, la dimension onirique prend son essor. Vous serez surpris par l’apparence improbable du London Bridge, ou autres éléments bien réels, déformés par la perception de notre héroïne.

À travers les yeux aveugles de Kit, les décors seront majoritairement noirs. Mais encore une fois, on ne peut qu’approuver le mélange des genres, entre le rendu réaliste à travers les yeux de Hodge… Et l’approche plus picturale du point de vue de Kit !

Deux points faibles majeurs

Au chapitre des défauts, il y en a particulièrement deux que je me dois de relever dans ce test. Et le premier n’est autre que la jouabilité du titre, parfois difficile à appréhender. Une jouabilité qui manque de précision, de souplesse. Et certains passages délicats vont vite se changer en «die and retry» tant l’ergonomie de vos deux compères va vous mettre des bâtons dans les roues.

Et ça en devient vite frustrant. Lorsque nous devrions incarner un félin particulièrement souple et véloce, on se retrouve à mourir bêtement, à cause d’un saut loupé, parce que notre animal a raté une plate-forme, parce qu’il a tendance à glisser facilement. La physique de Hodge est clairement à affiner ! Alors, très vite, on apprend à doser les sauts, au millimètre. À sauter à tâtons, en se calant au bon endroit et en réalisant un bond à la verticale, en espérant que ça passera. Les phases où l’on contrôle le chat devraient être les plus agréables, puisqu’elles sont celles durant lesquelles on retrouve la vue. Mais dans les faits, elles sont les plus éprouvantes nerveusement.

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Seconde petite ombre au tableau : une durée de vie courte, trop jugeront certains. En effet, si vous êtes du genre à boucler les énigmes de réflexion avec facilité, ce jeu ne va pas vous résister plus de 5 heures grand max. Vraiment dommage, tant son ambiance nous incite à vouloir rester plus longtemps. Heureusement, les développeurs ont gonflé la durée de vie du titre avec quelques collectibles à débusquer, parfois dans des endroits pas évidents du tout. Les amateurs de 100% vont donc gagner deux ou trois heures de plus.

Au final

Another Sight est un jeu frustrant ! Il est de ces jeux que l’on a aimé, mais qui nous laissent un arrière-goût d’inachevé en bouche. La faute sans doute à un gameplay assez capricieux, et à une durée de vie trop courte. L’ambiance du jeu est vraiment séduisante, et on aurait volontiers signé pour deux ou trois heures de plus !

Toutefois, nos propos se doivent d’être modérés. Another Sight est le premier jeu du studio italien Lunar Great Wall ! Et croyez-moi, on a déjà vu des premiers jeux bien pires que ça : ici, les développeurs osent nous proposer une expérience originale, belle preuve de maturité. Malgré ses soucis d’ergonomie, Another Sight fonctionne ! Son gameplay basé sur la perception des sens séduit, son histoire nous happe. Vendu à un prix plus que raisonnable, son achat est un engagement, une marque de confiance envers un studio qui nous réservera probablement de belles surprises à l’avenir.


Another Sight

 

Points positifs :

  • Visuellement chouette à regarder
  • L’approche intéressante de la cécité : des « sons visuels »
  • La DA et l’ambiance victorienne/steampunk : une identité !
  • Les « guest » historiques
  • L’ambiance sonore
  • Le scénario
  • Petit prix

Points négatifs :

  • Le gameplay trop imprécis
  • Faible durée de vie
  • Des énigmes qui finissent par se répéter
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